Plus de 40’000 délégués, dont quelques-uns venus de Suisse, se presseront bientôt à la COP29, la grand-messe annuelle du climat organisée par les Nations Unies. L’édition 2024 aura lieu à Bakou, la capitale de l’Azerbaïdjan, du 11 au 22 novembre. Vu des Alpes, l’Azerbaïdjan est une contrée lointaine dont on ne sait souvent pas grand-chose. Cette petite nation d’ex-URSS est pourtant une puissance gazière de premier plan. L’Europe, qui cherche à se sevrer du gaz russe, lui déroule ces temps-ci le tapis rouge.
Le régime d’Ilham Aliyev, le président azerbaïdjanais, est aussi l’un des plus répressifs au monde. La conférence d’activistes tenue ce mardi à Genève, en marge de la session du Conseil des droits de l’homme, le rappelle. Le maître de Bakou retient dans ses geôles des otages arméniens par dizaines, mais aussi des centaines d’opposants politiques. Ces dernières semaines, une véritable purge bat même son plein à Bakou. Près de 300 journalistes, avocats, religieux, responsables associatifs et économistes ont été arrêtés. Beaucoup d’entre eux sont victimes d’horribles sévices derrière les barreaux.
La COP29 pose de nombreuses questions. L’ONU devait-elle offrir pareille page de pub à Ilham Aliyev? La lutte contre le réchauffement climatique justifie-t-elle d’escamoter à ce point les droits humains? L’Europe, qui a tant besoin du gaz de la Caspienne, ferme honteusement les yeux. La Suisse, qui héberge le siège de la SOCAR, l’entité commercialisant les hydrocarbures de Bakou, dont la responsable vient d’être encensée comme une personnalité faisant «avancer la Suisse romande» par «Le Temps», aurait pu sauver l’honneur. Il ne devrait rien en être. La délégation suisse a déjà prévenu qu’elle ne parlera que de climat. Avec des invités aussi dociles, Ilham Alyiev peut dormir tranquille.
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Édito – Berne doit sauver l’honneur à la COP29 de Bakou
Ilham Aliyev, qui emprisonne et torture ses opposants, accueille bientôt la conférence de l’ONU sur le climat. Faut-il y détourner le regard au nom du climat?