AboEncre bleueLes vacanciers de l’Ascension
Le pont le plus prisé du mois de mai se transforme en transhumance estivale. Répétition générale avant les grandes vacances.
Genève s’est vidée d’un coup. Dépeuplement subit. Partout, des places de parking libres en surface, le signe qui ne trompe pas. Il faut remercier les touristes de maintenir l’illusion que notre ville est encore habitée. L’exode vers le sud et vers le nord a commencé mercredi déjà. À la mi-journée, le pont sur la Versoix, c’était le pont de Normandie, une colonne ininterrompue de véhicules roulant au rythme d’une transhumance estivale.
Nous ne sommes qu’en mai, le mois des ponts justement, qui, dans l’expression courante, deviennent des viaducs quand on aligne trois jours de congé à la suite. Un seul suffit pour faire celui de l’Ascension. Encore faut-il y penser. Les plus prévoyants ont posé depuis le début de l’année le vendredi qui permet de faire la soudure avec le week-end.
Dans l’administration municipale et cantonale, ils sont nombreux à prévoir. Julie, qui n’a rien prévu, reçoit plein d’e-mails automatiques en retour. Ses propres collègues se montrent eux aussi plutôt cartes postales que courriels ces jours-ci: «On t’enverra un pont suspendu. Tu aimes les deux: l’eau et le béton…»
Bon, d’accord. Combien faut-il de journalistes pour faire un journal le lendemain de l’Ascension? Chut, secret d’entreprise. Mauvaise anticipatrice, Julie se retrouve donc sur le pont, à défaut de le faire. Du côté des perdants qui ne savent toujours pas «souder» leur calendrier personnel.
Pour se consoler, elle file au bord du Rhône, entre deux chroniques à rédiger. Les berges sont désertes, les gens sont en vacances. La voici au pied de son pont préféré, le viaduc ferroviaire de la Jonction. L’ouvrage est en forme olympique, ses arches se reflètent dans le fleuve. Double anneau niché entre les piliers. L’image se découvre en marchant au lever du jour. Le pont de l’Ascension à côté de chez soi. C’est cadeau.
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