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Épargnants genevois lésés
Bertrand Piccard, ex-ambassadeur de PrimeEnergy, garde le silence sur ses rémunérations

De nombreux épargnants disent avoir été convaincus de placer leur argent auprès de PrimeEnergy par la présence de Bertrand Piccard.
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En bref:
  • Bertrand Piccard prêtait son image à PrimeEnergy, maintenant en faillite.
  • Il assure avoir investi personnellement, et être une victime de plus.
  • L’explorateur ne veut pas révéler les montants de ses rémunérations, évoquant sa sphère privée.
  • Bertrand Piccard souhaite se joindre aux investisseurs lésés.

Le projet PrimeEnergy, qui visait à financer des parcs de panneaux solaires en levant de l’argent auprès de particuliers, correspondait parfaitement aux idéaux de l’explorateur vaudois Bertrand Piccard, qui voit le salut de la planète dans une vertueuse alliance entre industrie, finance et écologie.

L’aventure PrimeEnergy ne conforte malheureusement pas son analyse. La société a annoncé sa faillite prochaine, menaçant d’emporter les économies de centaines d’épargnants en Suisse. Ses caisses auraient été vidées par des prêts à l’actionnaire principal et à des sociétés affiliées.

Un ambassadeur très actif

Pendant des années, Bertrand Piccard a été «ambassadeur» de PrimeEnergy. Son visage souriant ornant les affiches du groupe. «Le soleil me permet de voler… et aussi d’investir», y disait-il. Il a pris son rôle au sérieux, se rendant sur des stands aux couleurs de PrimeEnergy lors de manifestations, participant à des séances d’information et inaugurant des succursales du groupe.

L’équipe dirigeante de la société photovoltaïque s’était même déplacée à Paris en 2017, lorsque Bertrand Piccard avait reçu la Légion d’honneur des mains de François Hollande.

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Aujourd’hui, alors que de nombreux petits porteurs lui demandent des comptes, Bertrand Piccard affirme être tout autant une victime de l’effondrement de l’entreprise qu’il a activement promue.

«J’ai cru au modèle»

«Je n’ai pas prêté mon image à cette débâcle, mais à un modèle d’investissement bon à la fois pour l’environnement et pour les investisseurs auquel j’ai cru au point d’y investir moi-même», nous a-t-il expliqué par écrit. Il se dit «aussi stupéfait que tout le monde de voir que le propriétaire de la société semble avoir siphonné la caisse».

Bertrand Piccard dit avoir investi dans la société «sous forme d’obligations et d’actions, depuis plusieurs années». Pour quelle somme? «Le montant relève de la sphère privée», assure-t-il, ajoutant qu’il a maintenu la totalité de ses investissements.

Et combien lui a rapporté son image? Là encore, silence: «J’avais un contrat de sponsoring dont le montant relève de la sphère privée», se contente-t-il de répondre. Bertrand Piccard est réputé pour faire payer à prix d’or ses interventions. Des tarifs de 30’000 francs pour une conférence ont été évoqués dans le passé.

Quelles garanties pour ces promotions?

Bertrand Piccard et sa fondation Solar Impulse revendiquent avoir identifié «plus de 1000 solutions propres et rentables». PrimeEnergy était l’une de ses «solutions» promues sur le site de la fondation. «PrimeEnergy propose un investissement direct et accessible à tous dans des projets solaires en Suisse et en Europe», disait la page récemment supprimée, mais archivée en ligne.

Avec cet échec, des questions se posent sur les contrôles effectués par les équipes de Bertrand Piccard avant d’accorder son label. «La fondation Solar Impulse fait analyser par des experts indépendants les solutions qui lui sont proposées et les labélise si elles sont jugées crédibles, écologiques et rentables. Nous n’avons cependant pas la possibilité de prévoir la malhonnêteté éventuelle du propriétaire d’une entreprise qui possède une solution labélisée», nous a-t-il répondu.

Sur PrimeEnergy, Bertrand Piccard maintient que «le business model était bon», mais que «ce genre de comportement frauduleux ne peut être anticipé ni par ma fondation ni par moi, sinon je n’y aurais pas investi personnellement». Il estime que «c’est le rôle de l’organe de contrôle d’éviter de telles déroutes (ndlr: ici, PWC)», et dit ne pas comprendre pourquoi cela n’a pas été fait.

Piccard veut être aux côtés des lésés

Aujourd’hui, Bertrand Piccard dit souhaiter s’associer aux investisseurs lésés par PrimeEnergy dans «une plainte collective» (ndlr: un mécanisme qui n’existe pas dans le droit suisse). Il espère que «tous les investisseurs puissent récupérer un maximum» et reste positif: «Je pense que tout n’est pas perdu. Mes contacts avec le CEO montrent que les filiales continuent de fonctionner et génèrent des montants réguliers qui pourraient rembourser les investisseurs. Mais il faudra de la patience.»

De la patience, les petits porteurs qui voient leurs économies menacées en auront-ils pour lui? Bertrand Piccard le saura bientôt rapidement: selon nos informations, l’aventurier prévoit d’assister à une réunion d’investisseurs lésés mercredi soir à Genève.

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