AboPrévention de la noyadeUn sauvetage dans le Rhône ne s’improvise pas
Nous avons tenté l’expérience avec le compétiteur Nils Liess, de Genève Natation, encadré par des pompiers du SIS.
«Nager en eau vive, c’est pas comme en piscine», prévient d’emblée le sergent-chef Yann Weber, responsable du sauvetage aquatique du Service d’incendie et de secours (SIS). Les températures particulièrement élevées de ces jours-ci et la belle saison qui arrive vont peut-être pousser des nageurs inexpérimentés à aller chercher la fraîcheur en eau libre. Ce n’est pas sans risque. Ces dix dernières années, on déplore trois morts en moyenne chaque année dans le Rhône.
Nous avons fait l’expérience d’un sauvetage avec le multiple champion suisse de natation Nils Liess. Il est allé récupérer un mannequin de 40 kg pour 1,70 mètre, dans une eau à 17 degrés et avec une pression de 150 mètres cubes par seconde dans le fleuve. Objectif: vous donner un repère et savoir comment il faut vous comporter si vous êtes témoin d’une personne en difficulté.
Trois minutes ont été nécessaires au champion pour sortir la victime factice de l’eau. «C’est plus dur qu’une course aux JO», confie-t-il, essoufflé, à la sortie de l’eau. «Sincèrement, je ne le souhaite à personne», ajoute-t-il, encore impressionné par l’exercice.
«Appeler les secours est la meilleure solution.»
De son côté, Yann Weber, sapeur-pompier professionnel, rappelle qu’il faut être dans de bonnes conditions physiques si on veut nager dans le Rhône. Avoir bien dormi, mangé léger, ne pas avoir bu d’alcool ni consommé de drogues. Il conseille également d’utiliser un gilet d’aide à la flottabilité ou un sac étanche rempli d’air.
Il faut également être accompagné et ne pas s’éloigner trop des rives, car le débit du barrage du Seujet peut passer de 100 à 450 mètres cubes d’eau par seconde en une journée. Il ne faut pas lutter contre le courant mais s’en servir pour rejoindre le bord. La température de l’eau peut varier très vite selon les vents. Des applications comme Meteolakes, créée par l’EPFL, ou Hydrodaten, œuvre de la Confédération, permettent de s’informer avant de se jeter à l’eau.
«On ne s’improvise pas sauveteur si on ne l’est pas. En revanche, appeler le 118 (pompiers) ou le 117 (police), suivre la victime des yeux pour aider les manœuvres lorsque les secours arrivent (cela prend entre 5 et 7 minutes) est la meilleure solution pour éviter des conséquences dramatiques», conclut l’homme d’expérience. Il reste très ému par un souvenir lointain et douloureux lorsque, impuissant, il avait dû sortir de l’eau le cadavre d’un jeune homme accroché à une chaîne au Bâtiment des Forces Motrices.
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